"La Voie Royale"
Soo-a s'day!
Jamais simple de passer les frontieres mais l'expérience de celle du Cambodge, au niveau d'Aryana Prathet-Poipet, nous aura fait prendre une bonne douche froide qui, en dépit des températures, n'était pas la bienvenue! Tres vite on comprend que corruption est maitre-mot et s'étend jusqu'aux autorités, difficile alors de s'en dépatouiller... Tout commence au consulat de la frontiere par un calcul mathematique a faire palir plus d'un professeur, ou comment convertir 20 dollars (Prix officiel a Phnom Penh soit 16 euros) en 25 euros sans utiliser de coefficient multiplicateur. En pratique, ca fait surtout 18 euros dans la poche des employés et un rictus amer pour notre porte-monnaie. Mais ce n'est qu'une broutille en regard de la mafia des transports qui regne quelques kilometres plus loin. Le trajet gratuit entre la frontiere et la "soi-disant'' gare-routiere aurait du nous mettre la puce a l'oreille, mais tout est devenu tres clair lorsqu'on a découvert cette gare, spéciale touristes, gigantesque et flambant neuve, dénotant fortement avec les alentours déserts. Le choix est maigre, un taxi a 50$ ou un bus, et un seul, a 10$ par personne (le double du prix) pour rejoindre Siem Reap a la lisiere d'Angkor. 5 heures de route a vitesse d'escargot, pour un trajet réputé réalisable en 3 heures, dont 1 heure d'arret au restaurant de la "cousine" pour un en-cas, et le bus nous dépose a 8 km de la ville, au milieu de nulle-part et surtout devant une armée de tuk-tuk prets a nous manger a leur sauce. Ils nous demandent 12$ alors qu'on ne veut payer que 2,5$, somme déja importante. Apres une apre négociation, parfois électrique voire méchante envers d'autres touristes, on rejoint le centre-ville de Siem Reap, pressés de rejoindre Caroline et Fabrice, nos amis nantais, qui viennent de passer deux mois entre Laos et Cambodge. Tout ca vous semblera sans doute derisoire vu de la France, mais pour un voyageur au long cours, payer les vrais prix est un principe primordial. Qui veut aller loin menage son portefeuille, mais pas seulement...
Le coeur vite réchauffé par la gentillesse et la bonne humeur des Cambodgiens, on découvre, a bicyclette, la magie de la ville d'Angkor, capitale de la dynastie des puissants rois khmers du 9 au 12eme siecle, dont la population de l'époque est évaluée a pres d'un million d'habitants alors que Paris a la meme période n'en dénombrait que 100 000. Chaque temple nous émerveille et nous fascine tant ils sont différents. Le Banteay Srei se mérite, 80 km a vélo aller-retour; précisons que le terrain n'a rien a envier aux Pays-Bas! Pour l'anecdote, c'est ici que Malraux, du temps de sa jeunesse aventureuse et bien avant qu'il ne devienne ministre de la culture, déroba des apsaras (danseuses) ce qui lui valu d'etre arreté et emprisonné a Phnom Penh. A sa décharge, on notera qu'il était homme de gout, et qu'il ne s'y était pas trompé.. ce temple étant un des plus beaux et des plus raffinés du site.
Si Angkor Vat, temple dédié au dieu hindou Vishnou, le plus célebre d'entre eux, n'a pas a palir devant ses voisins, on gardera une petite préférence pour le Bayon, connu pour ses visages pointant dans toutes les directions et symbolisant la main-mise du roi sur l'ensemble des provinces de l'empire Khmer qui englobait a son apogée, outre le Cambodge, une partie de la Thailande, de la Birmanie, du Laos et du Vietnam actuels.
Mais n'oublions pas le Ta Prohm, temple envahi par la végétation, notamment par d'imposants fromagers dont les racines s'enchevetrent entre les blocs de gres, qui possede un charme indéniable en fin d'apres-midi.
Avant de clore cette étape Angkorienne, quelques mots sur les plaisirs de la cuisine cambodgienne, notamment le succulent Amok: citronelle, piment, lait de coco... et au choix crevettes ou poulet, un vrai régal pour les papilles ou encore du jus de canne a sucre agrementé d'un zest d'orange, désaltérant a souhait!