Heritage au gout amer.
Apres un abord plutot hostile, Phnom Penh se laisse apprecier. D'emblee, rien de bien attractif: 37 degres, architecture delabree, "bouffe de rue" a l'hygiene contestable, marche au poisson et a la viande a l'odeur douteuse, pollution plastique et atmospherique latente... Et puis, on decouvre une perle... au gout amer, le musee Tuol Sleng, qui temoigne avec brio de l'atroce regime khmer rouge de Pol Pot. Selon les pires estimations, un tiers de la population disparut pendant les quatre ans que dura le regime. On decouvre dans les lieux meme de ce qu'ils nommaient un centre de securite, et dont l'histoire n'a retenu qu'une lettre et deux chiffres: S21, un centre de torture et de mise a mort ou les pires atrocites humaines ont ete perpetrees. Saisissant, eprouvant...
Avant de quitter le Cambodge, glissons quelques mots sur la situation politique et economique du pays. En effet, si on veut bien se donner la peine d'y regarder de plus pres, on s'apercoit tres vite que c'est un pays sinistre, le pouvoir khmer rouge et la guerre civile ayant laisse le pays dans un etat deplorable. A l'ouest, en allant vers la frontiere thailandaise, une grande partie des terres agricoles est rendue inexploitable par la presence de mines. La corruption gangrene le systeme politique et administratif a tous les niveaux. On en veut pour exemple le proces de Douch, tristement celebre pour avoir dirige le S21, qui se tient en ce moment meme, et dont le personnel cambodgien devait, selon l'ONU, reverser une partie de leurs remunerations aux autorites sous forme de pot de vin. Malgre leur gentillesse, on ne peut egalement pas passer a cote du travail des enfants qu'ils soient cireurs de chaussures a Phnom Penh, vendeurs de fruits sur le bord de la route ou de cartes postales a Angkor. En plus de quatre mois de voyage, c'est la premiere fois que nous le rencontrons de facon aussi flagrante et ceci reflete bien l'etat de misere d'une certaine partie de la population.
Nous quittons le pays par voie terrestre direction le Laos. A cette occasion, nous avons certainement traverse la frontiere la plus pittoresque de tout le voyage. Elle est en effet constituee, en tout et pour tout, de deux cabanes en bois perdues au milieu de nulle part et bordant la route.
Ah, on oubliait le sempiternel backchich aux douaniers, 1 dollar par personne et ceci de chaque cote qu'ils ont l'air de convertir rapidement en "beer lao" (photos a l'appui) au vu du nombre de cadavres de bieres abandonnees a proximite de leur guerite. On vous avait dit corruption...